Le Premier ministre Anthony Albanese a récemment créé un nouveau service de secours. Sa mission est de sauver son gouvernement, son parti et sa place dans l'histoire. Ne sous-estimez pas le niveau de désespoir ou la difficulté de la tâche.
Alors que l’année 2024 touche à sa fin, l’argent tombe enfin pour le Premier ministre : le gouvernement se dirige vers le précipice électoral. Depuis lors, il parcourt le pays pour faire des annonces, apparaître dans les médias, convoquer une réunion du cabinet national et être généralement très occupé.
Illustration de Dionne Gain
Comparé à la manière langoureuse et rhétoriquement diffuse avec laquelle il s'est présenté depuis son entrée en fonction, cela ressemble à un effort à tout prix. Ce qui devrait être le cas, car c’est ce qu’il faudra si le gouvernement veut survivre. A quatre mois au maximum du vote, le succès est loin d'être assuré et il y a de fortes chances que cette approche plus ciblée se révèle avoir été appliquée trop tard.
Il a fallu beaucoup de temps, bien avant les dernières élections, pour que le gouvernement se retrouve dans cette situation difficile. Les travaillistes ont tiré les leçons des précédents moments de difficultés et d’échecs de ce siècle, mais il n’est pas sûr qu’ils soient les bons. Depuis son précédent mandat, presque détruit par la lutte pour la direction de Gillard-Rudd, il a conclu que les futurs dirigeants devraient être presque entièrement protégés contre une contestation dans la salle des partis.
De ses défaites sous Bill Shorten en 2016 et plus particulièrement en 2019, la leçon était la suivante : ne soyez pas ambitieux en matière politique, n’attirez pas d’ennemis en remettant en cause des intérêts puissants. La combinaison du fait de faire du leader un roi et de la poursuite d’une stratégie visant de petits objectifs a vidé l’essentiel du dynamisme du caucus et, semble-t-il, du cabinet. Cela a également mis le parti à l'écart à la base ; Ces derniers temps, il est devenu courant que les Albanais, les membres de l'exécutif national et leurs mandataires de l'État décident des présélections. C'était bien quand les choses allaient bien, mais pas tellement quand ça tournait mal. Qui veut risquer la colère du monarque ?
Ce qui s'est passé sous Albanese était une rupture avec la mission traditionnelle du parti travailliste, qui appliquait une critique honnête à la société et à l'économie et cherchait à réparer les pires inégalités une fois arrivé au pouvoir. Elle n’avait pas peur des grandes idées et des politiques ambitieuses.
Les gouvernements travaillistes ont souvent été perçus comme de nobles échecs. Le gouvernement Whitlam en est le meilleur exemple, mais sa tentative d'introduire des soins de santé universels, précurseur du Medicare du gouvernement Hawke, constitue une grande réussite. Il en va de même pour le NBN sous Kevin Rudd et le NDIS sous Julia Gillard.
Si ce gouvernement tombait et cédait le pouvoir à Peter Dutton, quel serait son héritage durable ? C’est ce qui préoccupe de nombreux députés du gouvernement : sont-ils sur le point de devenir la version antipodienne des démocrates américains, qui laissent une mauvaise situation se transformer en une situation mauvaise et finalement irrémédiable ?