Fille en robe rose par Kylie Needham

Fille dans une robe rose
Kylie Needham
(Hamish Hamilton), 27,99 $

Pourquoi n’y a-t-il pas de « grandes » femmes artistes australiennes, demande un « grand » artiste (masculin) australien à Frances, une jeune artiste elle-même, quelques secondes après lui avoir dit qu’il espère qu’elle n’est pas enceinte. Kylie Needham Fille dans une robe rose est une excursion sous-marine qui propose de façon experte et lumineuse plusieurs réponses à cette question.

<i>Fille en robe rose</i> par Kirsty Needham » src= »https://static.ffx.io/images/$zoom_0.227%2C$multiply_0.7487%2C$ratio_0.666667%2C$width_378%2C$x_0%2C$y_5/t_crop_custom/q_86%2Cf_auto/38bf49625bbdbf9f310816918d61370ec869f9e6″ height= »425″ width= »283″ /></picture></div><figcaption class=

Fille dans une robe rose par Kirsty Needham

En 2019, la peintre britannique estimée mais généralement inconnue Celia Paul a écrit un mémoire intitulé Autoportrait. Elle a commencé à écrire après la mort de Lucien Freud parce qu’elle a continué à lire sur elle-même dans les nécrologies de Freud comme sa «muse» féminine la plus reconnue. C’était comme si Paul, en tant qu’artiste, en tant qu’elle-même, n’existait pas. Paul et Freud se sont rencontrés alors qu’il suivait une année de tutorat à la Slade School of Art de Londres. Elle avait 18 ans, il en avait 55. Ils devinrent amants et le restèrent quelques années. Il était le père de son unique enfant.

Frances a 19 ans lorsque Clem, deux décennies son aînée, se pavane dans son école d’art de Sydney pour être tutrice pendant un an. Tout le monde veut son attention mais ses yeux se baissent, puis se posent sur elle. Il lui est impossible de ne pas lui répondre, à son allure sensationnelle et sensuelle. Clem, comme Lucien Freud, porte un nom et un héritage célèbres et, comme Freud, est poussé à tous les appétits. Celia Paul écrit que c’est son immobilité intérieure qui a le plus attiré l’agité Freud et Needham donne à Frances une qualité intérieure similaire. Une telle fille, l’accent est mis sur fille parce que Frances est juste une fille qui s’intéresse sérieusement à la peinture, est une muse appropriée pour un artiste ambitieux en quête d’inspiration. La propre inspiration de Frances vient du paysage qui l’entoure. Les portraits de Clem, pleins de violence, de colère, d’insouciance la dérangent. Pas qu’elle lui dise jamais ça.

Kylie Needham est une scénariste brillamment réussie; son partenaire est l’artiste (également brillamment réussi) Ben Quilty; elle a deux enfants; elle vit dans l’une des régions les plus agréables physiquement d’Australie. Tout ce qui précède a du poids dans son premier roman. La perspicacité de Needham sur la créativité et la haute performance, en particulier la haute performance féminine, est sans profondeur. Le savoir-faire avec lequel elle écrit, la poésie palpitante de sa langue – « la lumière du soleil collée aux montagnes comme une magnifique toile d’araignée » ; la lune « s’écrasant » dans une pièce – combinée à une morsure fraîche et succincte de sa prose donne à son roman à la fois intensité et assurance. Il est également raconté sans broncher, toujours du point de vue de Frances.

Chacune des cinq parties est située par un titre d’un dessin ou d’une peinture de Frances à ce moment de sa vie. Le roman commence par une esquisse, Étude de figures sans titreet se termine par une étude, Étude pour l’autoportrait. Le prologue voit Frances lors d’une exposition rétrospective du travail de Clem prêté par des lieux privés et d’entreprise mondiaux. Une peinture est le reconnaissable Fille en robe rose.

Nominalement, c’est Frances, peinte dans la première vague de son histoire d’amour avec Clem, un jour où elle portait, de manière inhabituelle, une robe rose de fille chère qui lui faisait sentir plus que ce qu’elle était vraiment. Sophia Loren dans un film italien des années 50, ou du moins une pâle parente australienne. C’est ce qu’elle pense maintenant en le revoyant après un quart de siècle. Mais, en y regardant de plus près, elle ne se voit pas, elle voit Eva, la mère de Clem, une artiste décédée, violemment, quand il avait huit ans. Frances voit les yeux impénétrables de la fille plutôt que la gloire féminine de la robe. Elle pense que la fille pourrait être sous l’eau. Eva et son histoire fictive s’intègrent avec un naturel exquis dans les histoires compressées de vraies femmes artistes cataloguées ici avec l’immense soin de l’amour et du chagrin.

Frances n’a pas atteint une grande renommée, mais elle a un revenu fiable de son travail et une appréciation fiable et éduquée. Elle peint comment elle voit, décrivant une essence insaisissable de la vie, une banalité à la fois en elle-même et dans le monde. Sa fille lui dit qu’elle est une ligne dans la page wikipedia de Clem, désormais célèbre.