La mission d'un homme pour donner à Radio Birdman la place qui lui revient dans l'histoire

Mais ne vous attendez pas à ce qu'ils sourient. Malgré les liens qui les unissent à un sérieux mortel, à une intensité live à vous faire dresser les cheveux sur la tête et à une adhésion au canon sacré des groupes proto-punk cités ci-dessus (ajoutez les Doors, les Velvets, les Stones de la fin des années 60…), « peu de groupes sur la planète », apprend-on, « ont jamais porté un flambeau d'animosité interne aussi haut ».

Radio Birdman lors de leur tournée d'adieu. De gauche à droite : Jim Dickson (basse), Dave Kettley (guitare), Rob Younger (chant), Deniz Tek (guitare), Pip Hoyle (claviers), Nik Reith (batterie).

C'est l'ironie centrale de la fable car, plus encore que l'esprit « flamboyant » du groupe lui-même, il s'agit essentiellement d'une histoire de communauté. La plupart des historiens oraux enthousiasmés par le récit méticuleusement documenté d'Engleheart tournent autour de la « Fun House » du groupe sur Oxford Street à Sydney : un club-house/salle de concert qui définissait et protégeait leur éthique d'outsider d'élite.

L’indépendance était sacrosainte : la graine d’une alternative naissante à une industrie dominée par Compte à reboursMushroom et autres trucs nuls. Citadel, Phantom et Redeye Records ; les Sunnyboys et les spin-offs de Died Pretty et Birdman (les Hitmen, New Race, les New Christs, les Screaming Tribesmen…) rassemblent un arbre généalogique vieux de plusieurs décennies tandis que le filet de l'auteur se tend pour honorer les légions qui se sont battues pour la cause.

De nombreuses batailles ont été perdues. Mais lorsque le prince du rock alternatif Daniel Johns de Silverchair a intronisé le groupe Radios, fragmenté et purulent, dans l'enfer des grandes entreprises du Hall of Fame de l'ARIA en 2007, la guerre était clairement gagnée. Même si le thème paramilitaire qui accompagne toujours cette histoire de cape et d'épée reste… lourd de sens.

L'uniforme adopté brièvement par Radio Birdman, composé de chemises sombres boutonnées avec des logos rouges et noirs sur les épaules, était de toute évidence une erreur naïve. Mais ajouté à un penchant pour le lexique et l'imagerie allemande de la Seconde Guerre mondiale, il a créé une aura sombre qui a apporté la violence à la Fun House et des idées fausses persistantes à la légende.

Une fois de plus, il ne s'agit pas de néo-nazis dans ces rangs. Dans les entretiens francs et complets avec l'auteur, chaque membre du groupe fait preuve d'une intelligence émotionnelle et d'une clarté qui faisaient peut-être défaut aux jeunes, et d'un sens de l'humour plus développé que ne le suggère le disque audio-visuel.

« J’aurais pu être un plus grand défenseur de l’unité et de la cohésion », explique Tek avec un euphémisme comique à propos des sessions d’enregistrement autocratiques au Pays de Galles qui ont effectivement mis fin au groupe. « Je voulais juste faire le travail, je me concentrais sur la musique et rien d’autre. »

Si vous étiez là, cette stratégie de « l’auto-immolation comme modèle économique » aurait probablement un sens tout à fait légitime. Si vous n’y étiez pas, eh bien, ne vous attendez pas à ce que quelqu’un vous l’explique. L’une des choses qui rendent l’histoire des Radios si remarquable est leur indifférence, au mieux, à l’esprit d’inclusion qui a aidé le rock’n’roll à conquérir le monde.

Sur ce point, les derniers mots d'Engleheart, adaptés du célèbre rocker intransigeant Lou Reed, sont impénitents : « Leur concert bat tout votre festival. »