Quant aux libéraux, leurs véritables pensées et sentiments sur l’importance pour l’Australie d’avoir une stratégie crédible pour réduire ses émissions sont obscurs. Alors que le parti procède officiellement à un examen sobre de la politique de carboneutralité, la situation commence à être tellement dérégulée sur le plan émotionnel que c’est presque comme si ce que dit le Parti libéral n’a plus d’importance.
Et comme la chef de l’opposition Sussan Ley doit sûrement le constater, même si le Parti libéral maintient sa politique, les événements des derniers mois ont tué toute illusion selon laquelle la carboneutralité d’ici 2050 pouvait être une position fixe ou fiable pour le parti qu’elle dirige – une position sur laquelle les électeurs peuvent compter.
Le problème, comme Ley doit également le constater, c’est qu’une fois que l’on tire sur le fil de la carboneutralité, toute la pelote de laine libérale commence à se défaire.
Sur quoi exactement les électeurs peuvent-ils compter lorsqu’il s’agit du Parti libéral ? En quoi croient les libéraux? Baisser les impôts ? Aspiration? Des solutions adaptées au marché ? Le contrôle strict des T-shirts des premiers ministres ?
Ley a fait preuve d’une force prometteuse au début de son mandat. Elle a affronté Littleproud lorsque les Nats se sont séparés des libéraux pendant une semaine en mai. Elle a banni (à l’arrière-ban) Jacinta Nampijinpa Price suite aux propos incendiaires de cette dernière sur les migrants indiens.
Mais depuis, elle a commis des erreurs stupides concernant les T-shirts et a insisté pour que l’ambassadeur d’Australie aux États-Unis, Kevin Rudd, soit limogé.
Et Ley ne peut chercher aucun réconfort dans l’histoire, car l’histoire montre que tous les dirigeants du Parti libéral depuis Tony Abbott ont été abattus par la question de l’action climatique, d’une manière ou d’une autre.
Abbott a remporté une victoire écrasante lors de sa campagne contre la taxe carbone du gouvernement Gillard, mais il s’agissait d’une position d’opposition qui n’a pas été bien traduite par le gouvernement. Il a été étranglé par Malcolm Turnbull deux ans après le début de son mandat de Premier ministre.
En tant que Premier ministre, Turnbull a ratifié l’Accord de Paris, qui engageait l’Australie à atteindre l’objectif mondial de limiter le réchauffement de la planète « bien en dessous » de deux degrés. Conformément à cet engagement, Turnbull a proposé la « Garantie nationale de l’énergie », une politique énergétique sensée (même si peu d’électeurs ont compris), qui imposait des obligations de fiabilité et de réduction des émissions aux sociétés énergétiques et aux grands consommateurs d’énergie.
Quoi qu’il en soit, peu importe le but du NEG, car il a été détruit par la salle du parti libéral, bien qu’il ait été convenu par le Cabinet. Le NEG de courte durée a été le catalyseur du renversement de Turnbull par Scott Morrison en 2018 (les mauvais résultats des sondages du Premier ministre n’ont pas aidé).
Scott Morrison avec le morceau de charbon qu’il a apporté au Parlement en 2017.Crédit: Andrew Mears
Morrison a littéralement câliné le charbon au Parlement et a été fustigé pour sa réponse inerte aux incendies de brousse catastrophiques de 2019-2020. Ces incendies, et les images apocalyptiques qui en découlaient – de personnes piégées derrière des murs de flammes, de koalas brûlés hurlant de douleur – étaient probablement la première fois que le public australien commençait à paniquer un peu à propos du réchauffement climatique.
Sous la pression internationale et électorale, Morrison a inscrit l’Australie à zéro émission nette avant le sommet sur le climat de Glasgow en 2021, mais le mal était très probablement fait.
Il n’était pas considéré comme un leader crédible en matière de politique climatique et énergétique, et la pression interne des nationaux, qui détestaient cette politique, était trop évidente pour être dissimulée.
Lorsque Peter Dutton a pris la direction du Parti libéral en 2022, il a tenté d’éviter tout le gâchis des émissions en inventant une fiction, si invraisemblable que les électeurs l’ont compris : une politique énergétique selon laquelle les contribuables finançaient en partie la construction de réacteurs nucléaires qui prendraient des décennies pour produire de l’énergie.
Une politique énergétique crédible est une question fondamentale pour tout parti qui souhaite gouverner. Mais voici ce qui est triste : les libéraux se sont auto-sabotés en matière de politique énergétique, non pas parce qu’ils se battent pour quelque chose.
À l’heure actuelle, il est difficile de nommer une chose en faveur des libéraux.
Si les Nats et les conservateurs du Parti libéral obtiennent gain de cause et que l’engagement en faveur de la carboneutralité est abandonné, que reste-t-il ? Quelque chose de bien inférieur au zéro net.
Jacqueline Maley est auteure et chroniqueuse.