Dans les années 1990, il y avait des représentants du Parti du désarmement nucléaire au Sénat australien. Aujourd’hui, la plupart des Australiens ont accepté les sous-marins à propulsion nucléaire pour la cause de notre défense nationale !
Les arguments avancés aujourd’hui par les politiciens travaillistes contre l’énergie nucléaire tournent autour du coût et du calendrier. Ce sont les arguments de la salle du conseil d’administration et du Trésor, et non les barricades de manifestants massés.
C’est pourquoi les attaques initiales du Parti travailliste contre le projet nucléaire de la coalition ont échoué. Les campagnes d'alerte autour des poissons à trois yeux à proximité des futures centrales nucléaires semblaient irréelles et insolites. La deuxième bouchée des travaillistes concernant le coût et le délai entre l'approbation d'une future centrale nucléaire et sa fourniture d'énergie est plus susceptible de trouver un écho. Le temps nous dira si le ministre de l’Énergie, Chris Bowen, pourra faire valoir cette cause. Il est trop tôt pour le dire.
Il y a un autre joyau caché dans la politique nucléaire de Dutton : même s'il essaie et échoue, ce ne sera pas de sa faute.
Pour réaliser l’énergie nucléaire en Australie, il faudra une nouvelle législation, de nouvelles réglementations et de nouveaux pouvoirs pour des institutions telles que l’Organisation australienne des sciences et technologies nucléaires.
La structure permettant de fournir de l'énergie nucléaire devra être approuvée par le parlement fédéral ainsi que par le parlement de l'État ou du territoire dans lequel une future centrale nucléaire pourrait être située.
Voici donc le problème : aucune chambre haute de la fédération ne dispose d’une majorité de coalition. Il existe trois juridictions sans chambre haute : le Queensland, le Territoire du Nord et le Territoire de la capitale australienne. Mais les sites que Dutton a désignés pour les premières centrales nucléaires ne recoupent pas clairement ces juridictions. La Coalition ne peut pas non plus compter sur l’assentiment d’aucun de ses gouvernements.
En d’autres termes, même si Dutton et son énergique porte-parole pour le changement climatique et l’énergie, Ted O’Brien, donnent un « coup de fouet », comme ils le disent, rien ne garantit que les petits partis, les députés ou tout gouvernement de l’autre côté le pays coopérera.
Mais autre bonne nouvelle pour Dutton, au moment où quiconque aura compris que la probabilité qu’une centrale nucléaire soit effectivement mise en service en Australie est, soyons généreux et disons limitée, le cycle électoral sera bel et bien terminé.
Si l’énergie nucléaire ne se réalise jamais, la Coalition pourra difficilement revenir en arrière. Il s’agit d’un changement sismique qui a été réalisé presque sans animosité.
À bien des égards, Dutton a déjà gagné : il a uni la salle du parti libéral, a guidé le débat sur la future politique énergétique en s'éloignant du charbon et a amené la Coalition à accepter une action contre le changement climatique qui avait échappé à l'ancien chef de l'opposition Brendan Nelson et aux premiers ministres Tony. Abbott, Malcolm Turnbull et Scott Morrison, sans perdre de peau.
Christopher Pyne est président exécutif de la société de lobbying Pyne and Partners, qui compte parmi ses clients des sociétés d'énergie renouvelable, et a été ministre dans les gouvernements Howard, Abbott, Turnbull et Morrison.