L’enfer et le bilan émotionnel d’une rénovation d’appartement

J’ai récemment enduré un enfer, une expérience qui m’a laissé vulnérable, exposé et sans ancrage. Vous voyez, ces derniers mois, j’avais été réveillé chaque jour avant le lever du soleil par un groupe d’hommes (tous merveilleux, il faut le noter) entrant dans mon sanctuaire privé et, eh bien, le réduisant en miettes. Les masses, les tronçonneuses et les perceuses sont devenus la bande originale de ma vie alors que la rénovation que je pensais prendre des semaines s’est transformée en mois. La crasse et les débris sont devenus mes compagnons constants et l’intimité un rêve mélancolique.

Parfois, pour créer un endroit heureux, il faut d’abord souffrir de moments malheureux. Crédit: Getty

Il y a eu des moments où j’ai été amené aux larmes par le chaos accablant, des moments où je ne pouvais pas respirer à travers la poussière ou parcourir un chemin clair pour aller nulle part. Des ouvriers déjeunaient sur mon lit et ma salle de bain accueillait une file de congas d’étrangers. Je n’avais pas de sol à un moment donné. Pas de murs chez un autre. Je suis resté sans électricité pendant des jours et sans eau pendant des semaines. Et quand il fonctionnait, j’étais confiné à un seul robinet, ce qui m’obligeait à faire la vaisselle dans ma baignoire pendant des mois. Mon plombier plaisantait en disant qu’il pouvait dire ce que j’avais mangé pour le dîner en regardant le siphon du bassin le lendemain.

Mais c’est la fine couche de poussière que j’ai surnommée le « brise-esprit » qui m’a vraiment détruit. Elle était partout – sur chaque surface et dans chaque pore. Ça me montait au nez, dans les oreilles, sous les ongles. Cela a rendu mes plantes grises et mes plafonniers opaques. Aujourd’hui encore, la simple pensée de cette crasse sinistre me fait frissonner et éternuer.

Aujourd’hui, quiconque a vécu une rénovation est probablement confronté à ce souvenir avec une horreur empathique. À ceux qui ont survécu, je vous salue. Mais pour moi, l’expérience comportait une couche supplémentaire de tourment, un fardeau émotionnel qui dépassait le coût matériel. Et même si une partie de cette angoisse existentielle a été causée par l’explosion de mon budget en quelques semaines (conseil à ceux qui envisagent une rénovation : ajoutez un tiers à votre budget), la véritable cause était que ma maison n’est pas un simple abri ou un investissement, c’est une métaphore de moi.

C’est le miroir de mon humeur, de mes goûts, de mon énergie, de mes passions. C’est mon sanctuaire, un répit de ma responsabilité sociale, un endroit pour panser mes blessures émotionnelles et restaurer ma foi. Si mon environnement ne me convient pas, moi non plus. Sans ma grotte, je suis un ours qui ne peut pas hiberner, une tortue sans sa carapace. Ne pas avoir de porte pour exclure le monde et être juste moi est une agonie.

Si mon environnement ne me convient pas, moi non plus. Sans ma grotte, je suis un ours qui ne peut pas hiberner, une tortue sans sa carapace.

WENDY ÉQUIERS

J’ai appris à quel point le fait d’être dans un mauvais espace affecte chaque partie de moi pendant les confinements liés au COVID-19 à Melbourne. Je vivais dans un endroit dont je savais que ce n’était pas la maison de mes rêves, mais juste un tremplin pour un investissement en cours de route. Mais pendant tous ces mois solitaires et apparemment interminables, j’ai arpenté l’édifice comme un tigre grincheux en cage. Il n’y avait pas de soleil à savourer, aucune vue sur le monde extérieur pour compenser à quel point la mienne était devenue petite. L’énergie était étouffée, tout funk et pas de feng. J’étouffais.

Je savais que dès que les restrictions seraient levées, je m’évaderais et trouverais un endroit où je pourrais me sentir libre et plus encore, eh bien, moi. Il ne m’a pas fallu longtemps pour tomber sur ma maison de toujours, un modeste appartement vintage offrant une vue imprenable sur la baie de Port Phillip et au-delà. Mon véritable endroit heureux. Mais c’était une vieille fille qui avait besoin d’un relooking, alors j’ai décidé de lui donner l’éclat qu’elle méritait.

Même avant de commencer, je savais que rénover serait une épreuve, et c’était certainement le cas. Mais bon sang, ça valait le chaos. Aujourd’hui, en regardant autour de mon appartement, je me rends compte que chaque centime dépensé en rénovation a été un investissement pour moi et pour mon avenir. Le souvenir de la douleur s’estompe comme le crépuscule (ou devrait-il être de la poussière ?), me permettant de regarder clairement ce que j’ai accompli et le potentiel que j’ai libéré.