Le dictionnaire des mots perdus
Théâtre dramatique, Opéra de Sydney, 28 octobre
Jusqu’au 16 décembre
★★★½
Évalué par HARRIET CUNNINGHAM
Le dictionnaire des mots perdus amène le roman à succès de Pip Williams sur la scène de la Sydney Theatre Company, via une adaptation de Verity Laughton, mise en scène par Jessica Arthur. Il raconte l’histoire d’Esme Nicolls, qui grandit en jouant aux pieds de son père dans le « scrippy », le scriptorium, où une équipe dévouée de lexicographes compile l’Oxford English Dictionary.
Depuis les premiers jours d’Esme, son monde est façonné par l’utilisation et le sens des mots. Mais bientôt elle remarque des mots qui n’apparaissent pas dans le dictionnaire ; des mots utilisés dans la rue qui décrivent le monde invisible du travail manuel, du travail du sexe et de l’accouchement. Recueillir ces mots devient sa façon de donner un sens à un monde en évolution rapide.
Le premier acte se déroule comme une série de vignettes, retraçant l’enfance d’Esmé. C’est un peu laborieux : de nombreux détails demandent à être rangés pour plus tard dans l’histoire, mais nous ne savons pas comment ni pourquoi ils sont importants.
Les accents régionaux et les dialogues boueux n’arrangent rien. Dans le deuxième acte, alors que le temps passe plus lentement et que nous nous concentrons sur la femme non conventionnelle et passionnée qu’Esme est devenue, la pièce nous attire.
Le décor, créé par Jonathon Oxlade, est au cœur de cette vaste histoire. Le simple mur de casiers, contenant chacun différents paquets, est disposé avec une telle délicatesse qu’il constitue presque une œuvre d’art à lui seul.
Au-dessus se trouve une scène secondaire dont le mur du fond devient un écran, utilisé pour nous aider à naviguer dans le passage rapide du temps et du lieu. Pris ensemble, c’est une incarnation du Dictionnaire et de l’histoire elle-même : de minuscules détails contribuant à un grand récit.
Tandis que le casting chargé de huit personnes entre et sort de nombreux personnages différents, Tilda Cobham-Hervey, dans le rôle d’Esmé, est sur scène presque tout au long. Elle est extraordinaire, se transformant sous nos yeux d’enfant en femme. Elle est magnifiquement soutenue par Rachel Burke dans le rôle de Lizzie Lester et Angela Mahlatjie dans le rôle de Tilda Taylor.
Il y a un moment vers la fin qui pourrait bien résumer l’immense ambition de toute l’entreprise. Esme veut prendre la main qui lui est offerte par son futur amant, Gareth (Raj Labade), mais doit d’abord partager avec lui son passé haut en couleur.