Ce serait la première fois qu’une loi garantirait explicitement que la politique climatique reflète les droits des jeunes d’aujourd’hui et de demain en Australie. Elle vise à ancrer un principe fondamental dans l’action législative : les décisions prises aujourd’hui doivent tenir compte de leur impact sur la santé et le bien-être des générations actuelles et futures.
Et ce n’est rien de moins que ce que les jeunes méritent.
La semaine dernière a marqué la conclusion d’une enquête publique sur le projet de loi menée par la commission sénatoriale contrôlée par le gouvernement, et la remise de son rapport de 93 pages.
L’expérience nous a fait penser à un déjà-vu. Mais contrairement à ce jour-là devant la Cour fédérale en 2022, les larmes étaient rares, comme il y a des années, tout comme notre conviction enfantine selon laquelle ce qui est moralement injuste est facile à corriger si l’on souligne simplement les manquements moraux. Une fois de plus, nous avons été dévastés. La commission sénatoriale a discrètement rejeté le projet de loi de Pocock et a recommandé qu’il ne soit pas adopté avant un vote à la chambre haute du Parlement.
L'enquête publique sur le projet de loi sur le devoir de diligence a reçu 403 soumissions provenant, entre autres, d'organismes médicaux de premier plan et d'organisations de défense des droits de l'enfant, qui mettent en garde contre les impacts du changement climatique sur la santé et la manière disproportionnée dont ils affecteront les jeunes en Australie.
Ces impacts comprennent une augmentation des maladies respiratoires, des troubles de santé mentale, des effets sur le poids des bébés à la naissance et un risque accru de naissance prématurée entraînant des problèmes de santé plus tard dans la vie.
Ces conclusions d’experts font écho aux conclusions de Bromberg en 2022 : « Des vies seront écourtées. Les traumatismes seront beaucoup plus fréquents et une bonne santé sera plus difficile à maintenir. »
Il y a une injustice inhérente à créer des conditions, autrement évitables, auxquelles les jeunes d’aujourd’hui et de demain seront exposés sans qu’ils en soient responsables. Et pourtant, les jeunes d’aujourd’hui ne bénéficient pas d’une plus grande protection juridique qu’il y a deux ans.
Aucune législation n’oblige les hommes politiques à prendre en compte la santé et le bien-être des enfants dans leurs décisions qui contribueront négativement au changement climatique.
Aucun mécanisme ne place les besoins et les intérêts des générations actuelles et futures au premier plan des prises de décision.
Rien d’autre que le statu quo qui, depuis trop longtemps, a permis aux décideurs de se soustraire à leur responsabilité envers les enfants et les générations futures.
Si le rôle des hommes politiques n’est pas de transmettre aux générations futures un monde sûr et vivable, alors quel est-il ?
La commission sénatoriale a justifié son rejet du projet de loi en invoquant le fait que le gouvernement dispose déjà de suffisamment de textes législatifs, notamment la loi sur le changement climatique, le mécanisme de sauvegarde et la loi sur la protection de l’environnement et la conservation de la biodiversité. Si la première loi exige la déclaration des émissions, elle n’a pas le pouvoir d’empêcher les décisions qui compromettent les objectifs d’émissions. La deuxième mesure ne couvre pas les émissions exportées, qui constituent la majeure partie de la contribution de l’Australie à la crise climatique. La loi sur la protection de l’environnement, tout en reconnaissant le droit à l’égalité climatique intergénérationnelle, n’impose pas la mise en œuvre de politiques pour atteindre son objectif.
Notre cheminement est porté par l’espoir, par la conviction que les générations actuelles et futures méritent une plus grande protection face au changement climatique. Mais cet espoir est tempéré par la dure réalité de l’inertie politique.
Il n’existe toujours pas de législation qui parle spécifiquement des droits des générations actuelles et futures face au changement climatique.
Notre cheminement est porté par l’espoir, par la conviction que les générations actuelles et futures méritent une plus grande protection face au changement climatique. Mais cet espoir est tempéré par la dure réalité de l’inertie politique.
Nous sommes confrontés à un monde dans lequel les générations à venir seront confrontées à des changements climatiques de plus en plus fréquents et de plus en plus graves, et nous demandons à nos dirigeants d’adopter une législation qui réponde à ce problème.
Même si un comité spécialisé a recommandé de ne pas l’adopter, ce rapport ne signifie pas la fin du chemin. Le projet de loi sera tout de même soumis au vote du Sénat cette année, et notre campagne se poursuivra. Car en cas d’urgence climatique, nous avons besoin de plus que du statu quo.
Anjali Sharma est une militante pour le climat et a été finaliste du Prix climatique des enfants 2021.