Pourquoi le CIO doit adopter une position binaire et le rôle de Sebastian Coe

Parmi les sept candidats nommés pour remplacer le sortant Thomas Bach, le candidat le plus en vue, ou du moins le plus ardent défenseur public du changement au sein du Mouvement olympique, est Sebastian Coe, deux fois champion olympique et actuel président de World Athletics.

Comme Trump, Coe se présente comme un agent du changement. Il s'oppose à la participation des transgenres aux compétitions olympiques car si l'on ne protège pas la catégorie féminine des compétitions sportives de niveau olympique, le sport féminin lui-même sera perdu.

Quand on y réfléchit, cette position n’est pas du tout similaire à celle de Trump. Pas du tout.

Comme Lord Coe l'identifie à juste titre, l'un des principaux échecs du CIO est le fait qu'il n'a pas adopté de directives détaillées ou globales à l'intention du sport mondial et de la myriade de fédérations internationales qui siègent au sein de ses structures sur la manière dont les sports olympiques devraient définir une politique transgenre. Ce sont les échecs politiques du CIO qui ont permis à la compétition de boxe de Paris 2024 de devenir si embourbée dans les conjectures en raison de la participation de l'Algérienne Imane Khelif, lorsque le CIO (et non World Boxing) organisait cette compétition.

De même, la politique transgenre du CIO est faible. Fin 2021, le CIO a publié son Cadre sur l'équité, l'inclusion et la non-discrimination sur la base de l'identité de genre et des variations sexuelles. Malheureusement, ce cadre comprenait six pages de déclarations de principe de haut niveau, sans beaucoup de détails. Les fédérations internationales ont été laissées libres de définir leurs propres politiques, selon les besoins.

Dans une section de son cadre, le CIO énonce sa position selon laquelle les athlètes devraient être autorisés à concourir dans la catégorie disponible qui correspond à leur identité de genre autodéterminée. Dans la section suivante, le CIO impose aux fédérations internationales la responsabilité de garantir qu’aucun athlète ne bénéficie d’avantages compétitifs disproportionnés et injustes s’il est autorisé à concourir dans une catégorie de genre non alignée sur son sexe biologique.

Imane Khelif célèbre sa médaille d'or avec son équipe et ses fans à Paris.

Tout cela est aussi clair que de la boue. Pour des raisons politiques ou par faiblesse, le CIO, sous sa direction actuelle, ne veut clairement pas assumer la responsabilité de définir une politique transgenre dans tous les sports. Pourtant, transférer cette responsabilité complexe aux fédérations internationales est incompatible avec les fonctions du CIO.

Lord Coe a incontestablement raison : en termes de compétition olympique et de sport d'élite de niveau international, le caractère sacré de l'intégrité du sport lui-même doit être protégé et préservé, quel qu'en soit le prix. Sinon, le sport d’élite pourrait tout aussi bien ne pas exister.

Il a également raison de dire que le CIO doit établir une politique claire et sans équivoque pour protéger l'intégrité du sport féminin et des compétitions athlétiques féminines.

Il est extrêmement difficile de concevoir une politique visant à intégrer la participation des athlètes transgenres au sport d’élite, surtout lorsque l’intégrité de la compétition est déjà constamment attaquée. Si le genre est kaléidoscopique, le sport est en noir et blanc. Outre les courses de chevaux, certaines formes de sport automobile et le tennis en double mixte, les hommes et les femmes ne s'affrontent généralement pas.

Si le genre est kaléidoscopique, le sport est en noir et blanc.

C'est dans les compétitions sportives olympiques et internationales que les records sont établis et les héritages se forgent. Les règles du jeu ne doivent pas seulement être équilibrées, elles doivent également être connues. Les règles doivent exiger qu'un athlète transgenre en compétition ne tire aucun avantage compétitif injuste et disproportionné en concourant dans le sexe qu'il a choisi, si celui-ci est différent de son sexe biologique.

L'impératif absolu du CIO doit être d'interdire aux athlètes transgenres de participer à des compétitions olympiques si leur permettre de concourir signifierait qu'ils bénéficient d'un avantage concurrentiel matériel. Quelle que soit la position de leader que le CIO doit adopter pour établir de telles règles dans le cadre de cette philosophie, il doit la prendre.

Certaines fédérations internationales ont bravé la frontière, face à la tiédeur contrastée du CIO. World Aquatics a été la première fédération internationale à établir une politique stipulant qu'une athlète transgenre féminine n'est pas éligible aux compétitions internationales dans la catégorie féminine, à moins qu'elle n'ait jamais connu la puberté masculine ou que sa puberté masculine ait été dépassée pharmacologiquement avant son 12e anniversaire et avant. tous les signes physiques de la puberté masculine étaient physiquement détectables.

Direct? Oui. Rude? Oui. Nécessaire? Oui aussi. Ces règles sont simples, non ouvertes à l’interprétation ou à la manipulation et dépourvues de subjectivité. Aucun élément de l’application des règles ne nécessite de mesure ou de suivi. En revanche, les règles du CIO sont omniprésentes.

Certains chercheurs qui en savent bien plus que moi vous diront que les preuves médicales et scientifiques ne sont pas absolues pour démontrer que les athlètes transgenres – et les athlètes hommes-femmes en particulier – bénéficient d'avantages physiques et physiologiques permanents par rapport à leurs confrères cisgenres.

C’est peut-être la bonne analyse et elle prévaudra trois décennies plus tard. Mais cela ne peut à lui seul être une raison pour que le CIO et les instances dirigeantes restent les bras croisés. Ce serait faire défaut à la génération actuelle d’olympiens et à la suivante. Sebastian Coe représente au moins quelque chose.